Le départ de la direction générale : que faire ?

Chronique d'experts

30 octobre 2024


Nos expert.e.s

Chronique rédigée par :

Jonathan Richer

Me Jonathan Richer
Conseiller juridique

Edward Smith

Me Edward Smith
Conseiller juridique

Cooper-Daniel

Me Daniel Cooper
Conseiller juridique principal

Votre direction générale quitte son poste. Que ce soit de façon subite ou de façon prudemment préparée, cette situation peut être vecteur d’anxiété, d’incertitudes ou pire, de confusion au sein d’un conseil d’administration et même au sein de l’entreprise collective, de ses employée.s ainsi que ses membres.

Dans cette chronique, nous nous attarderons au départ subit et non planifié d’une direction générale1 et nous offrirons des recommandations pour gérer la période intérimaire.

Les lois habilitantes des organisations à but non lucratif (« OBNL ») et des coopératives investissent le conseil d’administration de tous les pouvoirs pour administrer l’entreprise collective2 et lui accordent le pouvoir d’engager un.e directeur.rice général.e3. Ainsi, c’est au conseil d’administration de mettre en place les structures nécessaires pour assurer la gestion quotidienne de l’entreprise collective dans l’attente qu’un successeur intérimaire ou permanent soit nommé.

Généralement, nous recommandons la constitution de comités non décisionnels pour d’une part, assurer la gestion quotidienne de l’entreprise collective dans l’intérim et d’autre part, pourvoir à la nomination d’une nouvelle direction générale intérimaire ou permanente.

1.   Les comités non décisionnels

Des comités peuvent être créés par l’entreprise collective pour s’assurer de son bon fonctionnement, en attendant la nomination d’une direction générale intérimaire ou permanente. Toutefois, contrairement au comité exécutif, ces comités ne peuvent pas être investis de pouvoirs décisionnels4.

D’ailleurs, même si rien ne l’empêche, une première recommandation est de ne pas confier au comité exécutif, s’il existe, un mandat spécifique et précis de gestion intérimaire ou de dotation d’une direction générale, mais de confier ces tâches non décisionnelles à un comité spécifique qui se concentrera uniquement sur la tâche à accomplir5. Rien n’empêchera un de ces comités non décisionnels de saisir le comité exécutif au besoin, par exemple, entre deux réunions du conseil d’administration, dans le respect de la délégation de pouvoirs faite par le conseil d’administration à ce comité exécutif.

Minimalement, nous recommandons la mise sur pied de deux comités :

1. Un comité de gestion (aussi connu sous le nom de comité de direction). Ce comité s’assurera de transmettre à l’équipe de gestion de l’entreprise collective les mandats et orientations du conseil d’administration, de mesurer l’atteinte des objectifs de façon continue, de s’assurer que les employés de la direction générale exécutent les tâches qui les incombent et de faire rapport régulièrement au conseil d’administration et, au besoin, au comité exécutif de la bonne marche de l’entreprise collective.

Nous recommandons le maintien de ce comité dans le cas où une direction générale intérimaire est nommée;

2. Un comité de dotation de la direction générale (aussi connu sous le nom de comité de ressources humaines ou comité de sélection). Ce comité, qui assurera la liaison avec le conseil d’administration, gérera le processus de dotation, soit à l’interne du conseil d’administration ou encore en mandatant une ressource externe.

Généralement, il aura pour tâches de préciser le profil du ou de la candidate recherchée et soumettre le fruit de sa réflexion au conseil d’administration pour discussion et approbation, déterminer le processus d’appel à candidatures et le faire approuver par le conseil d’administration, procéder à un tri de candidatures selon le profil recherché par le conseil d’administration, soumettre les candidatures retenues au conseil d’administration. Aussi, au besoin et selon la décision du conseil d’administration, procéder aux entrevues d’emploi et analyser les grilles de résultats des entrevues d’emploi et les soumettre au conseil d’administration.

Il pourra également, selon les décisions du conseil d’administration, négocier les conditions d’emploi des candidat.e.s retenu.e.s, mandater des professionnels.elles pour rédiger le contrat d’embauche et soumettre le produit final au conseil d’administration pour discussion et approbation.

Le conseil d’administration peut également décider de confier toutes ces tâches à une ressource externe et le comité de dotation verra alors à faire la coordination des travaux et la liaison avec le conseil d’administration, pour s’assurer du respect de sa juridiction exclusive.

D’autres comités peuvent être envisagés, comme un comité des communications ou un comité de gestion du changement.

2.   L’intérim

Dans l’attente de la nomination d’une nouvelle direction générale, le comité de gestion ou de direction assurera la gestion de l’entreprise collective par le conseil d’administration selon ses pouvoirs exclusifs. Nous recommandons que ce comité demeure en fonction même si une direction intérimaire est nommée.

Pour ce qui est du comité de dotation (ressources humaines ou sélection), celui-ci doit agir en toute confidentialité et en l’absence de tout conflit d’intérêts, compte tenu de l’importance de ce pouvoir d’embauche qui appartient au conseil d’administration. Il en va de même pour les membres du comité de gestion (ou de direction). Les membres de ces comités doivent faire preuve de beaucoup de prudence et de doigté, surtout dans le cas où une candidature provient de l’interne ou même d’un membre ou d’un partenaire.

Nous recommandons fortement que les membres de ces deux comités signent un engagement de confidentialité et une déclaration d’intérêts, en plus de leur serment habituel de respecter leurs obligations légales et morales envers l’entreprise collective6

3.   L’embauche

Puisque tout changement organisationnel crée du remous, le processus d’embauche d’une nouvelle direction générale permanente doit faire l’objet d’un suivi attentif par le conseil d’administration. Outre les communications d’office qui doivent suivre le départ d’une direction générale (notamment pour rassurer les employé.e.s, les membres et les partenaires), le conseil d’administration doit voir à mettre en place une stratégie de communication relativement à l’embauche et l’arrivée d’une nouvelle direction générale et au besoin, une stratégie de gestion du changement.

Nous recommandons que le comité de gestion (ou direction) soit chargé de façon non décisionnelle et pour une durée déterminée (par exemple, la durée de probation de l’employé.e retenu.e.) d’assurer un minimum de liaison avec l’équipe de gestion de l’entreprise collective et, au besoin, faire un rapport au conseil d’administration.

Toutefois, ce comité de gestion doit absolument se garder d’intervenir dans le champ d’action de la nouvelle direction générale sans mandat spécifique et justifié. Il ne doit non plus miner l’obligation de cette nouvelle direction générale de faire un rapport au conseil d’administration des opérations de l’entreprise collective et recevoir du conseil ses mandats.

Le conseil d’administration doit s’acquitter de sa tâche d’évaluer la nouvelle direction générale selon l’atteinte des objectifs qu’il lui a donnée. Cette tâche est primordiale pendant toute la durée de l’emploi, mais encore plus pendant la période probatoire, s’il en est. Le comité de dotation (ou ressources humaines, ou sélection) peut être chargé de coordonner ces étapes, mais la décision finale revient au conseil d’administration. Ce comité peut ainsi devenir un comité permanent en appui au conseil d’administration.

À retenir :

  • C’est le conseil d’administration qui détient tous les pouvoirs pour administrer les affaires de l’entreprise collective et, sauf règlement à l’effet contraire7, engager la direction générale.
  • Il est recommandé de créer des comités non décisionnels du conseil d’administration pour garder un œil sur la gestion courante de l’entreprise collective, et s’occuper du processus d’embauche, par le conseil d’administration, de la prochaine direction générale intérimaire et ultérieurement, permanente.
  • Le conseil d’administration doit de façon continue et permanente évaluer sa direction générale selon l’atteinte par elle des objectifs qui lui sont communiqués et plus particulièrement pendant la période de probation, s’il en est.

Nous vous invitons à consulter un.e conseiller.ère juridique du Réseau pour toute question en lien avec cette chronique.


1 Nous n’aborderons pas les enjeux liés au contrat de travail comme les engagements relatifs au préavis de départ ou les engagements d’assurer une transition avant le départ définitif, pendant le préavis.

2Loi sur les compagnies, RLRQ c. C-38, articles 31 et 91 (1), et Loi sur les coopératives, RLRQ c. C -67.2, article 89.

3Loi sur les compagnies, Op. Cit., note 2, article 91 (2) d) (voir aussi l’article 115 où il est fait spécifiquement mention du « gérant »), et Loi sur les coopératives, Op. Cit., note 2, article 90 (1). Notons que ce pouvoir d’engager la direction générale peut être encadré ou même confié ailleurs, selon ces deux mêmes dispositions. Il est important de consulter un professionnel pour s’assurer que ce pouvoir est effectivement du ressort du conseil d’administration.

4 Paul Martel, La corporation sans but lucratif au Québec : Aspects théoriques et pratiques, Wilson & Lafleur, 2022, p. 12-8 et Loi sur les coopératives, Op. Cit., note 2, articles 107 et 108.1. Pour les coopératives, ces comités autres que le comité exécutif peuvent être décisionnels si les produits de l’exercice précédent de la coopérative sont d’au moins 10 000 000 $ et qu’un règlement l’y autorise.

5 Dans le cas du comité de gestion, que la gestion quotidienne soit maintenue et pour le comité de dotation, qu’un processus de dotation soit entamé.

6 Habituellement, il s’agit du Code de conduite et d’éthique des administrateurs et dirigeants. Il y a aussi les dispositions générales des articles 321 et suivants et 2138, du Code civil du Québec, RLRQ c CCQ-1991 et de l’article 106 de la Loi sur les coopératives, op. cit., note 2.

7 Supra., note 3.

Qui sommes-nous?

La Fédération québécoise des coopératives de santé représente près de 40 coopératives de santé réparties dans 12 régions administratives comptant chacune, en moyenne, 2 500 membres à qui elles prodiguent des services de première ligne en santé, autant curatifs que préventifs. Ces services sont offerts par 206 médecins omnipraticiens, 137 infirmières et une cinquantaine de professionnels de la santé qui, ensemble, gèrent 280 000 dossiers médicaux. Elles sont exploitées à des fins non lucratives.

Apprenez-en plus sur le modèle coopératif dans le secteur de la santé.

Gestion des réseaux sociaux et les particularités pour les entreprises de l’économie sociale 

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Formation de gestion des réseaux sociaux spécifiquement orientée pour la communication des entreprises d’économie sociale. 

Objectifs

  • Utiliser les bonnes stratégies de communication pour promouvoir son entreprise d’économie sociale sur les réseaux sociaux.
  • Identifier les plateformes sociales numériques actuelles et leur utilité dans un contexte d’entreprise d’économie sociale.
  • Différencier les types de communications à mettre en place sur les réseaux sociaux pour une entreprise d’économie sociale.
  • Assurer sa présence sur les réseaux sociaux – outils, et méthodes : partage des informations et contenus, bâtir sa communauté sur les réseaux sociaux, faire des campagnes, etc.

Clientèle visée

Employés et gestionnaires d’entreprise d’économie sociale.

Format et durée

Formation gratuite en ligne le jeudi 26 septembre 2024, de 11 h - 13 h 
Formation en entreprise ou en groupe d’entreprises à la demande

Formateur

Alexandre Decosse

Alexandre Décosse

Gestionnaire de communauté web

Gouvernance collective et transformation numérique

Description

La formation vise à présenter les aspects essentiels de la transformation numérique et ses implications au niveau de la gouvernance d’entreprise d’économie sociale.

Objectifs

  • Saisir les enjeux et opportunités de la transformation numérique et ses implications sur la gouvernance collective ainsi que sur les opérations; 
  • Évaluer ses besoins technologiques en fonction de sa mission sociale ainsi que ses activités; 
  • Explorer les meilleures pratiques en matière de la transformation numérique; 
  • Identifier les opportunités de collaboration à l’aide des outils technologiques; 
  • Développer des réflexions nécessaires afin d’intégrer la transformation dans sa planification stratégique. 

Clientèle visée

Administrateurs salariés et directions générales d’entreprises d’économie sociale. 

Format et durée

Formation gratuite en ligne le jeudi 21 novembre 2024, de 11 h - 13 h 
Formation en entreprise ou en groupe d’entreprises à la demande  

Formateur

Simon Chevalia

Simon Chevalia

Analyste d’affaires

Gestion en contexte particulier : éléments critiques opérationnels pour les coopératives 

Description

Dans un contexte particulier où des dirigeants doivent assurer la gestion des opérations pour répondre aux obligations légales et réglementaires, cette formation pratique vise à outiller ces derniers dans les actions et les ressources à utiliser pour assurer leurs rôles et responsabilités.  
Seront ainsi abordés certains sujets comme la détermination des obligations, la gestion et la gouvernance. 

Objectifs

Acquérir les compétences nécessaires permettant de :

  • Assurer ses obligations de gouvernance d’une entreprise en économie sociale;
  • Utiliser les outils adéquats pour assurer ses rôles et responsabilités tout en collaborant pour administrer une entreprise collective et limiter les risques qui empêchent le développement.

Clientèle visée

Direction générale ou membres du conseil d’administration d’une COOPÉRATIVE qui voudraient se former sur ces sujets ou pour les nouveaux administrateurs et gestionnaires.  
Principalement aux administrateurs qui doivent intervenir dans les opérations de l’entreprise et qui veulent connaître les obligations à remplir. 

Formateur

Simon Anger

Simon Angers, CRHA

Conseiller principal en développement organisationnel

Développer une culture de santé organisationnelle globale dans le secteur de l’économie sociale 

Description

La formation a pour objectif de former les apprenants au développement d’une culture de santé organisationnelle en entreprise. Ces modules, adaptés aux réalités des entreprises en économie sociale, ont pour objectif de promouvoir le bien-être, la santé et la performance des employés en entreprise. 

Objectifs

  • Développer une culture de santé globale pour soutenir les employés du secteur de l’économie sociale en utilisant les outils adaptés à la réalité des entreprises collectives.   
  • Responsabiliser l’ensemble des parties prenantes en agissant sur les pratiques de gestion et les habitudes de vie.   
  • Mettre en place des programmes de santé organisationnelle tenant compte des spécificités des entreprises collectives et en assurer la promotion (sensibilisation, communication, formation, …).   
  • Développer des outils pour analyser la santé globale de l’entreprise collective à l’aide d’indicateurs et en assurer le suivi. 

Clientèle visée

Parcours de formation en santé organisationnelle destiné aux entreprises de l’économie sociale : Service de ressources humaines et gestionnaires des organisations ou comité santé sécurité. 

Formateur

Simon Anger

Simon Angers, CRHA

Conseiller principal en développement organisationnel